Petites percussions
Ce que vous apprendra une petite percussion sur la musique
Le musicien d'orchestre aspire à l'homogénéité des sonorités, l'interprétation respectueuse de la partition et du genre; rien d'étonnant à ce que le percussionniste titulaire répercute sur ses accessoires cette aspiration par une touche de conformité aux styles et un choix judicieux des petites percussions.
D'ailleurs l'essentiel des accessoires de percussion de type idiophone est décliné dans les magasins sous des dénominations comme grave ou aigu, par set ou à l'unité; et exceptionnellement contre toute attente, sont proposés par des luthiers spécialisés (lesquels se comptent presque sur les doigts d'une main) comme pouvant être accordés (reste une demande confidentielle et spécifique comme la musique contemporaine).
Une petite percussion vibre sur un rythme de base; celui avec lequel elle est utilisée à l'origine. L'étude de l'accessoire engage le percussionniste à travailler ce rythme, et se faisant, à compléter sa formation de séquences stylistiques nouvelles.
Si certains de ces accessoires (les maracas, le guiro...) ont la réputation d'être joués facilement c'est qu'ils sont partagés sur scène avec les chanteurs et danseurs sur des ostinatos.
En réalité ces instruments de musique ont leur propre mode de jeu et technique, souvent enrichie de l'inventivité du percussionniste qui a à exploiter au maximum les capacités sonore et rythmique d'un accessoire.
Accessoires « historiquement » intégrés à l'orchestre
Un orchestre (européen) comprenait assez tôt des accessoires à "effets" comme grelots, crécelle (de Richard Strauss, Till Eulenspiegel,1894-95), clarines ou clochettes, fouet ou slapstick (de Maurice Ravel, le concerto pour piano et orchestre en sol majeur, 1929-31).
Le tambourin (tambour de Basque)
Instrument de percussion à mains, genoux ou encore autre partie du corps (peut être jouer assis), secousses (rotation rapide de la main).
C'est un membranophone, soit un tambour à une seule peau, sans fût (à peine est-il amorcé). La peau est tendue sur un cadre circulaire muni de disques métalliques (cymbalettes) sur une à deux rangées suivant la largeur, le cadre fait office de poignée pendant que l'on le frappe (parfois avec une baguette, un balai...) ou le secoue.
Des diamètres de 20cm à 30cm en vente dans les magasins de musique.
En acoustique, associé à des cordes le tambourin tient lieu d'accompagnement rythmique au chant dont il ne couvre pas la voix. Il se tient d'une main alors que la seconde le joue.
Les sons graves et mats sont obtenus en frappant de la main le centre de la peau alors que ceux produis sur le bord du tambourin sont plus aigus et secs.
Des cymbalettes est tiré un "trille" sonnant et métallique, un rouleau de tambourin; il est obtenu par les débutants sur une rotation rapide du poignet ou plus sophistiquée sur le passage circulaire du pouce humide en appui sur la membrane.
Sont de plus en plus utilisés des tambourins sans membranes, en demi-lune qui sert de poignée, plus ergonomiques à jouer mais sans peau ils perdent de leur nature et se rapprochent d'une sorte de sistre, conceptuellement il ne s'agit pas du même type d'instrument.
Des musiques de tous horizons ont adopté des représentants de la famille des tambours à cadre (europennes ou extra-européennes, pensez particulièrement à la musique arabe), et de tous genres, du folk au classique (le tambour basque d'un orchestre symphonique a souvent un cadre métallique).
« Un grand classique » le triangle
Idiophone métallique au timbre brillant, exprimant un tintement perceptible dans l'orchestre par sa fréquence de son élevée (de note indéterminée). L'origine du triangle demeure incertaine (ce qui n'est pas les cas de toutes les percussions).
Fait d'une tige métallique pliée, le triangle demeure ouvert et a pour hauteur 12 à 15cm, ce qui établit une échelle de son du plus aigu au plus grave. Son percuteur, la batte, est à son exemple en métal (acier nickelé, laiton, moins communément en bronze).
Suspendu par une cordelette tenue par l'index de la main gauche ou fixé sur un support (si double: un portique de triangles sur par exemple un pied de cymbale), parfois ouvertement au contact de l'index comme dans le jeu de percussion brésilien.
Inutile de se moquer, jouer du triangle en orchestre demande d'être attentif.
Le fil du triangle est passé autour de l'index et tenu par la paume de la main, laissant les autres doigts libres d'étouffer le son (un son bref sans résonance s'oppose à un son ouvert qui perdure), la batte engagée dans le triangle le frappe sur ces bords intérieurs.
Dans le troisième mouvement du Concerto pour Piano no1 de Franz Liszt (1832).
Castagnettes
Symbole du flamenco (que l'on confond avec la sevillane), en bois ou en fibre de verre; c'est un accessoire de danse et de chant (les danseuses en utilisent une paire dans chacune des mains, avec cordelette, celle-ci passée autour du pouce, la sonorité de l'une des deux paires étant plus grave que l'autre).
Le frappé se fait main alternée, simultanément (double frappé), les castagnettes l'une contre l'autre et les "figures" de rythme (exécution d'une séquence rapide de claquements) en faisant aller les doigts.
D'usage "folklorique" réservées à la musique d'inspiration Espagnole (à défaut d'exemple contraire), les castagnettes de concerts sont prolongées d'un manche qu'il faut maintenir fermement pour secouer et les faire claquer. Un petit mécanisme fixe la tension des deux coques.
Deux exemples classiques typiques, auxquels il ne faut pas résumer leurs utilisations: Bizet pour l'opéra Carmen (créé en 1875 [castagnettes et tambourins]); Ravel pour son opéra L'Heure espagnole, et son ballet Daphnis et Chloé comprenant un éoliphone (qui a pour effet d'imiter le vent par frottement) et des crotales (petites cymbales accordées, anciennement suspendues).
Dans les sections aux rythmes latin et/ou africain
En quelque sorte ironiquement des accessoires d'utilisations plus modernes. Est-ce vraiment utile de préciser que les partitions contemporaines d'ensemble multi percussions (duo / septuor / grand ensemble) sans ces petites percussions perdraient une dimension supplémentaire.
Les claves
Les claves sont des cylindres de bois plein (dense comme l'ébène, le palissandre) à frapper l'un contre l'autre. Bien évidemment sans hauteur de sons définis; la clave est un accessoire de percussion parmi les plus simples, vraisemblablement conçue pour varier des claquements de mains (avec néanmoins une hauteur de son établi sur le diamètre et le matériau du "bout de bois").
D'un diamètre de 2 à 3cm pour près de 20cm de longueur, la clave marche par paire et est utilisée pour les danses d'Amérique latine et cubaines.
Parfois une différence entre le percuteur et le percuté est recherchée, ce dernier sera le plus volumineux et éventuellement creux avec au centre une encoche longitudinale, inverser les rôles modifiera le son produit.
Paire de claves pleines et rondes, en palissandre laqué noir, la frappe a pour effet de produire un son sec et percutant, porté sur le médium haut.
En entamant le bois pour en faire une section vaguement ovale, il est malgré tout possible d'équilibrer la fréquence de son de la clave sur une hauteur "précise", ce que propose des fabricants de petites percussions.
La main tenant la clave sur laquelle frappe la seconde, s'applique à former un creux amplificateur de son. Pour limiter une déperdition la clave est tenue posée sur la main (côté pouce tendu) et maintenue en place autant que possible des bouts des doigts.
Wood block
Pièce de bois creuse et fendue, frappée par un percuteur. Le woodblock moderne est d'une forme parallélépipède rectangle ou plus rare cylindrique (comme accessoire de batterie la forme du block devient passablement indéfinissable et prend parfois un autre nom comme celui de jam block avec en prime une musicalité discutable), creusé dans la masse ou en deux parties, et peux être constitué de matériaux composites.
Présentés à trois sur un support, le woodblock s'étoffe du grave (médium) à l'aigu.
Maracas
Traditionnellement les maracas sont des calebasses creuses contenant des graines, elles rythment des danses d'Amérique latine. Petit accessoire à poignée, les maracas sont des hochets en bois (ou plastique); les secouer revient à projeter les grains sur la paroi interne.
La paire de maracas, avec par unité un son différent, est souvent jouée alterné, un dans chaque main, le plus aigu (pour ainsi dire au rythme syncopé) dans la main gauche.
Le geste doit anticiper le décalage du rythme dû à la projection des grains.
Une facilité de débutant, est de s'assurer du rebond des grains en jouant les maracas renversées têtes en bas, poignées pointées vers le haut, ou de cette façon de produire un effet prolongé en faisant tourner les grains dans ce qui est momentanément le fond.
Guiro
C'est un instrument dentelé (une face aux rainures parallèles) que l'on racle avec un accessoire ou baguette. En bois et plastique solide il est muni de trous dans lesquels se glissent les doigts pour s'assurer de l'avoir bien en main.
Une courbure accentuée du guiro égraine le long des crans une variation de la hauteur des sons ce qui rend plus attractif le mouvement inversé de la baguette sur les dents, quand il est uniforme la vitesse du passage de la baguette sur le guiro laisse entendre une variation du son et de sa hauteur.
Un chanteur est souvent mis à contribution.
Le guiro métallique uniforme présente suffisamment d'aspérités pour ne pas échapper des mains. Les crans réguliers sont frottés avec une baguette métallique ou comme ici un peigne en acier.